« Véritable pavé d’humour décapant ». ROCK & FOLK  

« Suivez-le et vous en riez déjà ! ». LA DEPECHE DU MIDI  

« Il y a franchement du Marx Brothers chez ce garçon ». LE PARISIEN  


« Une verve et un humour des plus ravageurs ». MAX

« Camille Saféris est un comique délirant et un auteur décapant » Le NOUVEL OBSERVATEUR  

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Première partie:

LES PREMIERES FOIS DONT ON PREND L’INITIATIVE

 

Offrir un soutien-gorge

Manger des escargots

Faire du nudisme

Dormir à l’Elysée

Rouler une pelle

Faire tourner les tables

Sortir sans petite culotte

Se suicider 

Mettre un préservatif

Allumer un incendie

Crucifier un fonctionnaire

Perdre sa virginité 

Traire une vache

Empêcher ses voisins de dormir

Gifler un nain

Plaquer quelqu’un

Se faire sodomiser

Fouiller le sac à main d’une collègue

Faire l’exhibitionniste

Faire le cannibale

Organiser une partouze

Revoir son ex

Insulter un sourd-muet

Rendre visite aux péripatéticiennes

Se faire arranger le portrait

Envoyer un Tweet

Se réincarner

Se taper la femme du voisin 

Se taper le mari de la voisine

Braquer une banque

Avoir des rapports dans un lieu public 

 

Deuxième partie:

LES PREMIERES FOIS QUE L’ON SUBIT

 

Faire caca dans sa culotte

S’endormir au théâtre

Rencontrer un extra-terrestre

Se faire plaquer

Devenir invisible

Passer à la télé

Se faire raccrocher au nez

Hériter

Prendre l’ascenseur avec Penelope Cruz  

Perdre un membre supérieur

Avoir le coup de foudre

Perdre son slip de bain dans une piscine

Faire une gaffe

Marcher sur un étron canin

Oublier ses clés à l’intérieur

Renverser une vieille dame


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INTRODUCTION

 

La première fois, un style de vie

 

“On doit tout essayer au moins une fois” avait un jour risqué Brigitte Bardot, dans un accès d’espièglerie dont elle seule à l’époque possédait le secret. Certains ont cru bon d’obtempérer sans réfléchir. Mieux vaut ne pas s’étendre sur leur état. Car en toutes choses, la première fois ne s’aborde pas à la légère. Vous ne pouvez raisonnablement offrir un soutien-gorge, traire une vache ou gifler un nain sans un minimum de préparation. L’envie ne suffit pas, il faut un entraînement, connaître les risques, savoir comment ça va se passer pour ne pas se mélanger les crayons.

 

Pourtant, c’est incontestable, la vie serait plus palpitante si l’on pouvait tout essayer au moins une fois. Si l’on pouvait comme ça, du jour au lendemain, partir manger des meringues à Châtel-Saint-Denis, traverser les chutes du Niagara sur un filin d’acier ou donner un récital de piano à la salle Gaveau ! Les envies, en toutes choses, ne doivent pas rester éternellement des projets. Car au fond, c’est vrai, qu’y a-t-il de plus triste qu’une vie entière sans premières fois ? Quoi de plus démoralisant qu’un quotidien sans surprises ? Quoi de plus effrayant que la routine ? Sommes-nous condamnés à ressembler à ces blasés qui ont tout fait, tout vu, tout entendu et que plus rien n’amuse — si ce n’est la nouvelle cravate de Nikos Aliagas[1]?

 

Et comme le disait le célèbre philosophe Roger Prochon lors d’une récente conférence sur le sujet, “Pourquoi diable un tenace esprit casanier empêche-t-il l’être humain doué de bon sens de connaître chaque jour de nouvelles émotions en repoussant un peu plus les limites du possible et d’une forme de décadence sociale défoulatoire à l’aide d’un principe de fonctionnement aussi simple qu’économique l’éloignant définitivement de l’ennui qui guette chacun des habitants de cette planète d’amour où tous les hommes sont frères et toutes les femmes sont sœurs ?” Hein, pourquoi ?

 

Convenons-en pendant qu’il en est encore temps: sans premières fois, la vie serait carrément mortelle !

 

Qu’est ce qu’une “première fois” ?

 

En général, on a tendance à considérer n’importe quelle expérience comme une première fois, à condition qu’elle n’ait jamais eu lieu au préalable. Ainsi, il existe autant de premières fois que de choses que vous n’avez pas encore faites, par peur, par manque de sens du défi ou simplement parce que l’occasion ne s’est pas présentée. L’existence elle-même est une première fois, comme la naissance des bourgeons au printemps ou d’une baguette dans le four du boulanger, comme la chute accidentelle d’un pot de fleurs qui vous atterrit sur la tête. Tout est première fois pour celui qui débute: ne l’oubliez jamais.

 

Mais nous pouvons aller encore plus loin pour démontrer à quel point le moindre petit détail de la vie quotidienne peut se révéler surprenant: par exemple, n’est-ce pas la première fois que vous tenez en main un manuel des premières fois ? Et ces lignes que vous lisez, n’est-ce pas la première fois ? Quant au point d’interrogation que voici, en aviez-vous jamais entendu parler jusqu’alors ? Vous le voyez, c’est tout bonnement miraculeux.

 

Comment distinguer la première fois de la deuxième ?

 

Tous les spécialistes le confirment, on distingue aisément la première fois de la deuxième dès la deuxième, car on voit mieux de quoi il s’agit. En revanche, il n’existe qu’une seule méthode pour reconnaître une deuxième fois à coup sûr: recommencer tout de suite une troisième fois, pour vérifier.

Pour vous aider à faire la différence entre une première fois et n’importe quoi d’autre (une huitième fois, une douzième fois, un chausson aux pommes, un peigne…), voici quelques exemples édifiants.

 

Premières fois certifiées:

 

- Le premier ministre dit quelque chose d’intelligent.

- Tintin prend La Castafiore par derrière.

- Les petits Soudanais mangent des œufs de lump sur du pain Poîlane.

- Vous passez chef de service.

Fausses premières fois (événements ayant déjà eu lieu par le passé):

- Le CAC 40 gagne 0,2% à l’ouverture des marchés.

- La nouvelle petite secrétaire passe sous le bureau du patron.

- Jésus Christ se réincarne en Jésus Christ.

- La concierge est dans l’escalier.

 

Un souvenir indélébile

 

Lorsqu’on évoque “la première fois”, l’adulte normalement constitué pense invariablement à cette froide nuit d’avril si romantique où basculant Nathalie Mirmont sur le buffet du salon il découvrit enfin l’amour, le vrai. De chaudes larmes d’émotion lui montent aux yeux, tandis qu’il revoit la scène dans ses moindres détails (le vase de Chine qui tremblait, le napperon en dentelle, le préservatif trop grand, Jean-Christophe qui attendait en bas dans la voiture, etc.).

Pourtant, l’adulte qui sourit aujourd’hui le sait, ce fut absolument minable d’un point de vue strictement sexuel. Il s’y prenait comme un manche. Comme le néophyte maladroit qui tente de faire semblant d’être amnésique. Comme la taupe myope qui se trompe de galerie. Comme le paraplégique en goguette qui cherche désespérément à souffler dans un hélicon. Une véritable catastrophe. Une scène d’un ridicule pas croyable. Autant parler d’autre chose, tiens.

 

Cette étonnante différence entre la première fois elle-même — d’un médiocre achevé — et le souvenir très précis qu’il en reste —merveilleux, splendide, idéal — est liée à cette émotion si particulière qui fait de la première fois la plus belle d’entre toutes. Car la première fois, disons-le nettement, c’est avant tout une émotion.

 

Etrangement, on observe donc, quelle que soit cette émotion — peur, honte, amour —, qu’elle marque singulièrement le corps et l’esprit d’une empreinte éternelle en même temps qu’elle ouvre la voie et crée “un précédent”. Même lorsqu’elle est horrible sur l’instant, même si le bilan est globalement négatif, la première fois permet de se fabriquer à coup sûr un fabuleux souvenir: c’est une machine à s’inventer un passé indélébile et réconfortant. De quoi peupler sa conscience d’images autrement impérissables que les photos des vacances à Mimizan-Plage avec Nicole et ses parents en 1994 !

 

Alors convenons-en pendant qu’il en est encore temps: les moments les plus forts de l’existence sont toujours liés à la première fois (à part pour certains, mais nous ne donnerons pas de noms).

 

L’immortalité à portée de main

 

À sa façon, l’histoire des hommes, la grande histoire, sait également reconnaître l’intérêt des premières fois. Elle a même coutume de leur attacher une importance considérable par rapport aux fois suivantes.

 

Ainsi, lorsque Christophe Colomb découvrit l’Amérique après de longues années de navigation, ce fut incontestablement un acte historique, tandis que de nos jours, si vous ralliez New-York en moins de sept heures dans un Airbus A380, vous observerez que tout le monde s’en fout !

 

De même, personne n’a oublié le nom d’Armstrong, le premier homme à poser le pied sur la lune en juillet 1969. Mais comment s’appelaient les centaines d’autres astronautes qui l’imitèrent depuis en y posant les deux pieds, voir un genou, et en y dansant le mambo-jerk ? Cela, nul ne le sait (pire: chacun s’en tamponne). Ce qui prouve à nouveau que la première fois est bien la seule qui compte vraiment.

 

Convenons-en pendant qu’il est encore temps: la première fois est votre unique chance de passer pour un héros et de marquer l’histoire.

 

Un manuel des premières fois, pour quoi faire ?

 

Nous l’avons vu, aussi merveilleux soit-il, le baptême de quoi que ce soit présente quelques risques qu’il est bon de connaître avant. Car dans sa légitime précipitation, le débutant curieux se lance souvent avec l’insouciance des culottes courtes dans de nouvelles aventures sans prendre aucune précaution. Il oublie notamment:

- Que maman n’est plus derrière lui pour l’excuser d’avoir l’air d’une courge.

- Que maman n’est plus derrière lui pour recoller discrètement le vase de Soissons pendant que les témoins font semblant de n’avoir rien vu.

- Qu’on doit emporter un pyjama rayé lorsqu’on passe sa première nuit en maison d’arrêt, sous peine de se faire remarquer.  

- Qu’on ne traverse pas l’Atlantique à la rame sans alerter les médias.

- Qu’il est dangereux de déguster une bouillabaisse avec un extra-terrestre (car la bouillabaisse est mauvaise pour le cholestérol des extra-terrestres).

 

Le novice effronté commet généralement une courte série d’impairs irréparables avant d’être dégoûté à tout jamais de tenter quelque autre “première fois”. Car lorsqu’on s’est brûlé les doigts à une ou deux reprises, c’est humain, on cesse rapidement de s’acharner à prendre des risques. C’est alors pour l’adulte déjà inhibé de nature le début de la fin: intériorisant tous ses désirs, gravement frustré, constipé du plaisir, il tait ses échecs en jurant mais un peu tard qu’on ne l’y prendra plus. De fil en aiguille, il s’abonne à Télé 7 Jours, fait quelques moutards, puis les années passent et le voilà qui devient cadre supérieur à la S.O.F.I.R.A.P. sans avoir jamais mangé d’escargots de Bourgogne ou braqué une banque (et en étant peut-être encore puceau !).

 

C’est pour répondre à ce besoin spécifique qu’il était urgent de créer le Manuel des premières fois. Un livre confident qui ne juge pas les travers de l’adulte néophyte, un véritable complice des pires tentations qui lui permette sérieusement d’apprendre vite fait bien fait les activités les moins avouables en toute impunité.

Un ouvrage technique neutre et compréhensif qui l’aide enfin à partager le ridicule avec l’humanité toute entière et à comprendre que le rire des autres, en réalité, est peut-être celui de leur propre ridicule mis en scène (on ne rit bien que de ce qu’on connait bien). Et aussi, puisqu’une première fois peut être involontaire (“Faire caca dans sa culotte”, “S’endormir au théâtre”, “Renverser une vieille dame”…), un guide-pratique fiable qui puisse par exemple indiquer à l’adulte accablé par un destin facétieux quelle est la tête à prendre pour n’avoir l’air de rien[2].

 

Ce manuel qui manquait à chacun, que le peuple plein d’espoir attendait fébrilement depuis le petit coup de déprime de Bernard Madoff, que l’intelligentsia n’osait plus envisager depuis le suicide littéraire de Gustav Lubischtramsky-Shaerdsen et dont vous-même rêviez en secret depuis si longtemps, ce manuel cher lecteur, ne le dites à personne, vous l’avez entre les mains.

 

[1] Ceci dit, entre nous, c’est vrai qu’elle est à se pisser dessus.

[2] Voir notre "Index des têtes à prendre" en fin d’ouvrage.


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